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Jeudi polar

Giancarlo De Cataldo : La «Suédoise» et les mafieux romains

L’auteur du célèbre «Romanzo criminale» nous balade dans la capitale italienne au temps du Covid-19 qui entrave les trafics en tous genres.

La Piazza Colonna, dans le centre de Rome, le 13 mars 2021. (Christian Minelli/NurPhoto. AFP)
Par
Christine Ferniot
Publié le 26/10/2025 à 9h23

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Ils s’appellent l’Aiglon, l’Albanais, le Turc ou le Prince, se partagent les quartiers de la banlieue romaine où le marché de la drogue va bon train. Mais il faut maintenant compter avec la Suédoise, ou plutôt Sharo, une beauté blonde, élancée, presque trop intelligente pour la mafia, la vraie de vrai. Sharo a longtemps pris ses distances avec les trafics et les deals, mais il est difficile de résister au confort quand on a enchaîné les petits boulots, entre une mère invalide et un logement insalubre dans le quartier des Tours.

Giancarlo De Cataldo est l’auteur de Romanzo criminale, ancien magistrat à la cour de Rome, grand connaisseur de la pègre. Visiblement, il se plaît toujours à surveiller ce qui se passe dans les nouveaux réseaux mafieux. Il situe son roman au moment du Covid-19, quand il est plus difficile de vendre en direct, de prendre des rendez-vous à toute heure. Alors, il envoie Sharo fouiner sur Internet et séduire les hommes qui sont décidément des idiots. «N’oublie pas d’où tu viens et à qui tu appartiens.» Cette phrase reste en tête de la Suédoise qui se débrouille de mieux en mieux, mais la vedette reste la ville de Rome chez Cataldo.

Une star et un problème. «Depuis que les vieux chefs avaient quitté la scène, à cause de l’âge, de la prison ou du plomb, la ville était devenue ingouvernable. Les nouveaux sujets prêts à tout pour se faire une place, poussaient comme des champignons. Des jeunes sans honneur, des électrons libres sans foi ni loi, drogués jusqu’aux yeux, ignorants et stupides.»

Qui gardera le pouvoir, qui le volera demain ? C’est décidément la même histoire à l’infini, et les lecteurs de cet écrivain bourré d’humour s’en délectent, surtout avec cette Suédoise qui écrase les minables, domine tout le monde avec son port de reine et son mépris pour les crétins, mais ne déteste pas le champagne et les beaux gosses.

Pur «giallo», vrai polar à l’italienne qui décrit si bien la lutte pour le pouvoir, les voyous qui aiment tout ce qui brille, les flics qui regardent ailleurs, cette Suédoise est un régal sans prétention et pourtant si juste et réaliste dans sa brutalité et son regard sur le déterminisme social.

La Suédoise, Giancarlo De Cataldo, traduit de l’italien par Anne Echenoz, collection «Noir», aux éditions Métailié, 240 pp, 23 €.