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Gilles Bataillon, sociologue, a lu «Temps sauvages» de Mario Vargas Llosa

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Castillo Armas (premier plan). (AFP)
par Gilles Bataillon, sociologue EHESS
publié le 13 février 2022 à 16h09

Nul doute que le coup d’Etat de Castillo Armas en 1954, ait changé non seulement le cours de l’histoire du Guatemala, mais probablement celui de l’Amérique latine. En appuyant ce putsch contre le gouvernement réformateur d’Arbenz, nullement inféodé à l’URSS, ou en passe de le devenir, les Etats-Unis ont donné des arguments à tous ceux qui, à l’image de Castro et de Guevara, ont pensé que seuls des mouvements révolutionnaires, s’alliant avec l’URSS, pourraient sortir l’Amérique latine du sous-développement.

Dans le sillage de son prédécesseur, Juan José Arevalo, Jacobo Arbenz tenta de mettre en place un régime démocratique. Arevalo et Arbenz lancèrent des réformes agraires et fiscales. Ils créèrent aussi un système de sécurité sociale, une législation du travail et libéralisèrent le système politique. Ces réformes furent inacceptables pour les vieilles élites guatémaltèques. Elles multiplièrent les tentatives de coups de force pour revenir au statu quo ante. Ce furent ces tentatives qu’appuyèrent les Etats-Unis, en ne comptant par leur aide à Castillo Armas. Si celui-ci l’emporta, les luttes pour le pouvoir entre les secteurs oligarchiques s’accentuèrent et il finit assassiné en 1957.

Drôles, émouvants et mélancolique

C’est de cette histoire que Vargas Llosa est parti pour construire Temps sauvages, une intrigue policière très bien menée qui nous vaut un portrait juste, parfois féroce, d