On vit une relation pendant des années avec quelqu’un, dans un temps étiré qui semble ne jamais s’interrompre et au moment de sa mort, ce temps s’est brutalement rétréci, découpé en un compte à rebours avant l’adieu final. Vincent disparaît se déroule sur sept jours. Un vendredi de janvier, une voix féminine, celle de Madame Etienne, apprend à Jean la mort de Vincent, le jeudi suivant, l’enterrement a lieu. Entre les deux, les émotions, les souvenirs et les formalités se bousculent. La soixantaine, Vincent vivait seul, n’avait pas de famille proche. Jean se rend tout de suite dans le village de Bourgogne où il habitait depuis cinq mois dans la bicoque héritée de son oncle et s’y installe quelques jours pour régler les funérailles.
La palette sensible et hypnotique de Vincent disparaît tient à la déclinaison des états par lesquels passe Jean, comme le ciel changeant de l’Yonne. La sidération, la douleur, la culpabilité de n’avoir rien vu venir la dernière fois qu’il l’avait rencontré à Paris, tourmenté par les attentats, la surprise du secret qu’il n’avait pas partagé avec lui. Vincent s’est suicidé en se noyant dans une rivière, dans un tournant de la Cure où l’eau est un peu plus profonde. Madame Etienne, la voisine et femme de ménage qui l’a prévenu, raconte qu’il avait des cailloux plein les poches «comme cette écrivaine dont il m’avait fait lire l’histoire il n’y a pas si longtemps, sans doute pour ne pas être tenté de refaire surface». Noyade ou arrê