A Salin-de-Giraud, en Camargue, des descendants de pêcheurs d’éponges parlent grec avec un accent du Midi. Leurs ancêtres viennent de l’archipel du Dodécanèse, et plus particulièrement de l’île de Kalymnos, qui a donné son nom à un boulevard de ce bourg français. L’incendie de Smyrne en 1922, une maladie des fonds marins… différents éléments poussèrent au départ ces futurs Camarguais. Dans le Sel, la Dame et l’Eponge, Gilles Ortlieb raconte à sa façon précise et poétique cette mini-épopée, qui eut des prolongements en Floride, à Tarpon Springs, localité devenue un temps le Klondike de la ruée vers l’éponge.
Trois livres de l’écrivain et traducteur ont paru au printemps. Le deuxième a pour titre Cabotages, et c’est bien ainsi qu’on peut les lire, en une flânerie maritime, sans péril, d’un mini-récit à un autre. Tous ou presque abordent la question de l’exil, du déplacement, et l’auteur y semble dans cet état d’acuité sensorielle qu’entraîne le transport en d’autres lieux. Dans Cabotages, dont certaines pages ont déjà été publiées dans des ouvrages collectifs ou en revue, on retrouve la Grèce et les pêcheurs d’éponge. Un pays éminemment cher à l’auteur : pendant le confinement en France, il sut échapper à l’atonie ambiante en s’enfermant dans «une traduction au long cours, celle des Journées de Geor