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Entretien

Gisèle Sapiro : «Il faut être traduit pour obtenir le Nobel et en même temps le Nobel contribue à faire traduire»

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Dans «Qu’est-ce qu’un auteur mondial ?», la sociologue de la littérature analyse les conditions d’accès à la consécration littéraire par-delà les frontières nationales, et principalement au Nobel de littérature.
La sociologue Gisèle Sapiro en 2020. (Rémy Artiges/Libération)
publié le 10 octobre 2024 à 10h39

La sociologue de la littérature, autrice de Peut-on dissocier l’œuvre de l’auteur ? (Seuil, 2020), de la Guerre des écrivains 1940-1953 (Fayard, 1999), montre comment la consécration transnationale des écrivains obéit à un fonctionnement inégalitaire et occidocentré. A partir d’archives, en particulier l’examen des recommandations faites à l’Académie suédoise du Nobel, d’entretiens et d’analyses statistiques, Qu’est-ce qu’un auteur mondial ? dissèque les processus d’accession à une reconnaissance mondiale, le rôle prééminent des intermédiaires (éditeurs et agents littéraires), des prix et des festivals internationaux, et entrevoit une plus grande ouverture aujourd’hui aux femmes et aux minorités venu du champ anglo-américain.

Qu’est-ce qu’un auteur mondial ?

Etre un auteur mondial, c’est être traduit dans un grand nombre de langues, avoir été rendu visible par des prix internationaux, donc par des instances de consécration spécifiques du champ littéraire transnational, et être invité dans des festivals internationaux. Mon livre montre que ce n’est pas seulement la qualité de l’œu