Voici une réédition de Bakakaï, le premier livre de Witold Gombrowicz né en Pologne en 1904 et mort à Vence, dans les Alpes-Maritimes, en 1969, après avoir vécu en Argentine de 1939 à 1963. Le recueil, qui ne comprenait alors que sept contes (douze maintenant), est d’abord paru en 1933 en Pologne (où il fut dans l’ensemble mal accueilli) sous le titre Mémoires du temps de l’immaturité, immaturité qui allait en 1937 être le thème dominant de Ferdydurke, le premier roman du futur auteur de la Pornographie et Cosmos. On a fini par comprendre que ce titre Ferdydurke venait de Freddy Durkee, personnage qui apparaît sur un prospectus dans le roman Babbitt de Sinclair Lewis, prix Nobel 1930. Dans sa préface inédite, Rita Gombrowicz, la veuve de Witold, résume pourquoi Bakakaï s’appelle Bakakaï, «le nom d’une rue des faubourgs de Buenos Aires où il avait habité pendant la guerre. C’est le nom indien d’une bataille. Il voulait un titre quelconque “comme on donne à un chien.”»
Dans Testament. Entretiens avec Dominique de Roux, Gombrowicz constate sans se l’expliquer avoir trouvé son style dès Bakakaï. «J’ai adopté dès le départ un ton si fantastique, si excentrique, si bizarre – pourquoi ? […] Pour reprendre les paroles d’un de mes héros : “Ma situation sur le continent