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Interview

Goncourt : «C’est devenu un prix central, qui fait la rentrée littéraire, qui hypnotise»

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L’historien Jean-Yves Le Naour revient sur les évolutions du Goncourt, dont les résultats seront annoncés mardi 7 novembre, et l’impact de cette récompense pour ses lauréats.
Elsa Triolet chez elle à Paris, après avoir reçu le Goncourt, en 1945. (AFP)
publié le 7 novembre 2023 à 7h18

Le premier Goncourt a été remis le 21 décembre 1903 à John-Antoine Nau pour Force ennemie, le prix le plus prestigieux fête donc ses 120 ans. Dans leur livre (1), les historiens Jean-Yves Le Naour et Catherine Valenti déroulent année après année les péripéties qui entourent l’Académie Goncourt et ses remises de prix, et commentent chaque titre élu.

Le jury s’est-il toujours retrouvé chez Drouant ?

Il s’est d’abord réuni au Champeaux, place de la Bourse, où sera désigné le premier lauréat en 1903, à 22 heures, presque en catimini. On dînait à l’époque et, rapidement, au regard de l’âge des jurés, c’est devenu un déjeuner. En 1914, beaucoup de restaurants étant fermés avec la mobilisation, ils sont allés chez Drouant, place Gaillon, et y sont restés fidèles depuis.

Le testament d’Edmond de Goncourt souhaitait que le prix soit «donné à la jeunesse, à l’originalité du talent, aux tentatives nouvelles et hardies de la pensée et de la forme» et «à qualité égale, le roman aura toujours la préférence sur les autres genres». N’a-t-il pas été dévoyé au fil des années ?

L’Académie s’affranchit beaucoup des règles. Elle prend souvent par