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Comment ça s'écrit

Gustaw Herling, que la peste soit avec vous

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Comment, au XVIIe siècle, le pouvoir napolitain, en l’occurrence espagnol, utilisa la peste pour en finir avec la survivance d’une révolte plébéienne.
Naples de nos jours. (Emilien Urbano/Emilien Urbano)
publié le 4 novembre 2022 à 23h49

A quelle morale implicite un texte renvoie-t-il au fil des époques ? C’est une question posée par la Peste à Naples, du Polonais Gustaw Herling, né en 1919 et mort en 2000 – et par sa réédition cet automne chez Allia. Le texte, tiré du recueil l’Ile et autres récits (Gallimard, 1992), est sous-titré Relation d’un état d’exception. Mais l’auteur commence par préciser qu’il s’agit de la suite du Miracle (paru dans Journal écrit dans la nuit, l’Arpenteur, 1989), «reconstitution légèrement romancée mais historiquement exacte de la révolte plébéienne de Masaniello en 1647», à Naples.

De par le subconscient de son auteur, ce Miracle avait des similitudes avec l’aventure de Solidarnosc en Pologne et «la déclaration de l’état d’exception» dans le pays. Il n’en est pas de même pour la Peste à Naples où l’auteur est plus conscient de ce qu’il écrit et estime qu’il aurait également pu mettre en épigraphe de son texte la citation de Robinson Crusoé qu’Albert Camus a placée en tête de sa propre Peste : «Il est aussi raisonnable de représenter une espèce d’emprisonnement par une autre que de représenter n’importe quelle chose qui existe réellement par quelque chose qui n’existe pas.» Et Gustaw Herling de se moquer de ses propres précautions introductives. «Quel est ce récit qui nécessite autant de béq