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Disparition

Guy Goffette «à jamais un poète en maraude»

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Le cahier Livres de Libédossier
L’écrivain et éditeur Jean-Marie Laclavetine rend hommage à l’auteur de «la Vie promise», «le Pêcheur d’eau», «Solo d’ombres», «Mariana, Portugaise», mort le 28 mars.
Guy Goffette le 1er octobre 2002. (Jerry Bauer/Opale)
par Jean-Marie Laclavetine
publié le 5 avril 2024 à 12h37

Le poète, écrivain et éditeur belge Guy Goffette est mort le 28 mars à Namur à 76 ans. Membre du comité de lecture de Gallimard, il était spécialiste de Verlaine et Rimbaud.

«Il faut être natif d’Hollywood pour croire que les poètes forment des cercles et disparaissent. Les poètes ne disparaissent pas, ils brisent les cercles, filent en zigzag, furètent, passent par ici, repassent par là. On ne les voit qu’à la nuit tombée, comme la plupart des animaux sauvages. Il faut pour cela avoir l’œil exercé, et accepter de délaisser un moment la mangeoire cathodique. Guy Goffette n’a pas disparu. Il reste à jamais un poète en maraude, un grand chapardeur de regards et de corps, un arrière-cousin de Villon et Rimbaud. Il vole des fleurs d’absinthe au bistrot de Verlaine, il en fait des bouquets pour les offrir aux femmes qui passent (et restent parfois). S’il vagabonde, ce n’est pas pour s’éloigner à tout prix de ses Ardennes d’élection, son pays de loups gris, de sapins bleus et de tabac, mais plutôt pour en éprouver la nostalgie toujours fraîche. Il n’aspire à rien d’autre qu’à planter de la fumée sur le bord des fossés.

«Ses livres sont des cabanes, des havres, planches et tôles, entrez donc, vous êtes chez vous. On y pêche de l’eau, on campe dans des lieux qui se nomment «Partance», on écoute le bavardage de la pluie sur l’ardoise, on s’accoude à la toile cirée d’une cuisine de province pour s’y réchauffer longuement à cette délicate lavasse que les Belges appellent café, si