«Quel charme peut rendre réel le masque des choses ? Quel miroir les révélera ?» Etrange objet que ce livre. Pour la première fois, les recueils de Harry Mathews sont traduits en français – seuls quelques poèmes l’avaient déjà été (par Georges Perec pour une anthologie en 1980) – et l’on peut enfin découvrir la séduction particulière propre à la poésie de l’auteur américain. Particulière, oui, parce que la littérature qui nous est donnée à lire comporte une part d’inconfort. On ne sait jamais si tout parle ici d’une machinerie ou de sentiments, s’il est possible de tenter de suivre les détours du sens ou bien accepter de se perdre. Et bien sûr que la solution réside dans un équilibre entre les deux. C’est sans doute en cela que Mathews est un pur oulipien ; mais surtout un parfait rousselien, du nom de l’auteur des Impressions d’Afrique, qu’il reconnaissait comme une influence majeure. En 1961 aux Etats-Unis, le journal qu’il avait créé avec John Ashbery s’intitulait Locus Solus, du nom du roman phare du précurseur français.
«Chauves-souris mathématiques»
Comme la prose de Raymond Roussel, les poèmes de Harry Mathews ont ceci de déroutant qu’ils laissent deviner qu’ils sont gouvernés par un mo