Il y a un cimetière, une «Route de l’Hôpital», des mioches qui jouent. On est quelque part aux confins d’une mémoire et de routes algériennes, un livre des morts. A hauteur d’enfant puis d’adolescente (mais qui serait cubiste), Farida raconte la vie de son père et de sa mère (un peu moins celle de ses frères et sœurs) et la sienne, habitante du bloc B1 de la cité Grangebelle à Pierrelatte, dans la Drôme. L’histoire de cette famille plonge et se noie dans la nuit d’un temps interrompu par la colonisation, quand on a changé son patronyme de force, et ses ancêtres «sont la tombe en trou de serrure d’Oued Aroum aussi, la tombe du temps et de l’humanité oubliée, paumée dans le désert. Ils ressemblent aux fresques du Tassili mes ancêtres, en vrai.»
Dans ce premier roman, Hédi Cherchour livre à la fois un panorama drôlatique des années 1970 et 1980 chez les classes laborieuses et immigrées, et l’aventure d’une émancipation rebelle, limite dangereuse, qui épouse les formes solubles de l’univers – un lieu à la fois hospitalier et pourtant inhabitable : c’est le sens métaphorique du titre. Même s’il existe bien un Hôtel de l’Univers à Marseille, où se déroule la dernière partie du récit : on y rencontrera Madame Pinto et son réchaud à gaz, «juive turque» grande amatrice de merguez au piment, mais aussi le beau Soltan, «un type de Meknès» venu faire la cueillette des pêches avec Farida et à propos duquel elle rédige «un poème, une nouvelle, un roman sur un