Ce livre commence par un mail daté du 27 avril 2020, à 1h06. «Mes amis, désolée car il est tard mais je trouve mieux que vous l’appreniez par moi […]. Henri s’est éteint hier soir à l’hôpital d’Avignon. Nous étions, Matthias, Clémence, Inès et moi, à ses côtés. Il était 21h15. Il n’a pas souffert. […] Voilà. C’est la fin d’une vie extraordinaire […].» Ce message est signé de Fabienne Servan-Schreiber, la femme d’Henri Weber qui vient de succomber au Covid à l’âge de 75 ans. Toutes les vies sont extraordinaires mais l’existence d’Henri Weber, c’est vrai, a quelque chose d’unique. Et le reste du livre le montre : c’est un long, immense message d’amour, d’amitié et d’estime. On y trouve des textes de ses enfants, de son frère Ouri, de ses amis, des hommages publiés dans la presse, des morceaux de discours, des tweets, des SMS et même la fiche qui lui est consacrée dans «le Maitron», le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social, dans lequel il était très fier de figurer. Et puis ce livre est truffé de photos familiales et politiques. Objectivement, Weber était canon sur les barricades.
Dès les premiers jours, voire dès son premier cri, la vie d’Henri Weber est un roman. Ses parents, des juifs polonais vivant à quelques kilomètres de l’endroit où sera construit Auschwitz, sont internés dans un camp de travail au Tadjikistan quand Henri pointe le bout de son nez un jour de juin 1944. Il naîtra sur un navire-hôpital amarré sur les rives du f