Hervé de La Martinière, ancien fondateur et patron des éditions La Martinière, est mort jeudi à 78 ans, ont annoncé samedi 10 mai sa maison du même nom, ainsi que le groupe Média-Participations. Leur communiqué salue la mémoire «d’un homme de défis et de combats», «avant tout fervent admirateur de ses auteurs, auxquels il vouait une fidélité et une amitié indéfectibles». Hervé de La Martinière était «un amoureux de littérature […], un défenseur de la librairie et d’une certaine idée de l’édition».
«Goût du risque»
En éditeur «revendiquant le goût du risque», il a publié en 1999, avec sa propre maison d’édition «l’ovni», la Terre vue du ciel, de Yann Arthus-Bertrand. «Un succès planétaire, avec 3,5 millions d’exemplaires vendus», selon le communiqué. Un «best-seller moyennement apprécié des esthètes», mais un véritable «coup de maître», selon Libération, qui le rencontre en 2004 à l’occasion d’un portrait de der. Via les éditions de l’Olivier, il est aussi l’éditeur de Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, de Jean-Paul Dubois, couronné par le prix Goncourt en 2019. Il a également édité la série des «Fait Maison» du chef Cyril Lignac (à partir de 2020).
«Fils pas sage d’un entrepreneur de Courbevoie doté d’un vieux nom et d’une famille méprisante, enfant frappé par l’infirmité et sensibilisé à l’exclusion», écrivait-on de lui dans nos colonnes en 2004. Hervé de La Martinière confiait alors ne pas avoir le bac, «s’est toujours plus ou moins construit en rebelle solitaire». Dans un autre portait publié par les Echos en 2003, il est écrit qu’il aurait inventé «un magnifique CV avec diplôme de la Catho d’Angers et maîtrise de lettres», pour pouvoir entrer dans le milieu de l’édition qui le fait rêver par la petite porte, au service réclamations des libraires d’Hachette.
Il a alors 25 ans, passe ensuite par plusieurs maisons (Grasset, Fayard, Chêne…) avant de prendre, en 1987, la direction de Nathan, selon le communiqué. «En 1992, il entreprit de créer sa propre maison, les Éditions de La Martinière, dédiées aux beaux livres et aux livres illustrés». S’ensuivirent des «acquisitions ambitieuses, dont la plus notable fut celle des éditions new-yorkaises Abrams Books, en 1997».
En 2004, il reprend le Seuil et les maisons associées (Points, Métailié, L’Olivier…), faisant du groupe «l’un des acteurs majeurs de l’édition française, contrôlant sa diffusion et sa distribution». En 2006, il avait lancé une action en justice contre Google qui numérisait massivement des livres sans l’autorisation des éditeurs et contre l’avis des. Il avait été rejoint par le Syndicat national de l’édition (SNE) et des confrères éditeurs. Le contentieux s’était terminé en 2011 après un accord de numérisation conclu avec le géant de l’internet. En 2018, Hervé de La Martinière avait intégré sa maison d’édition au groupe Média-Participations, et en était devenu le vice-président.