Après la tempête vient le calme. Quand il réalise qu’il ignorera toujours ce qui est arrivé à son père, «comment ou quand il est mort, et où il pourrait reposer», l’écrivain Hisham Matar, d’origine libyenne, est parti voir «l’art siennois» avec son épouse, parce que «l’école siennoise est optimiste». Ils ont admiré la Concorde, la Justice, le Bien commun et les Vertus représentés dans l’Allégorie du bon gouvernement. Il s’agit de la fresque peinte par Ambrogio Lorenzetti en 1338 pour orner les murs du Palazzo Publico. C’est l’un des premiers tableaux profanes : «Si l’Etat de droit était une église, ce tableau serait son retable», note Hisham Matar. Il a pour autre caractéristique d’être un triptyque. Un mois à Sienne, le récit d’Hisham Matar, est lui aussi composé de jeux de miroirs. Pour que la perte et la mort ne l’emportent pas, l’auteur célèbre des retrouvailles.
Le vide de la disparition
Né en 1970, l’écrivain grandit en Libye jusqu’à ce que sa famille se réfugie en Egypte, car Jaballa Matar, le père d’Hisham, est menacé par Mouammar Kadhafi dont il est un opposant. En 1990, Jaballa Matar est enlevé. Sa famille perd sa trace. Lors de la révolution de 2011, les manifestants libèrent les prisonniers mais personne n’aperçoit Jaballa Matar. Son fils part enquêter en Libye où il ne trouve ni son père, ni sa tombe. Il raconte ce voyage dans La terre qui les sépare (Gallimard, 2017). Un mois à Sienne est un récit plus émouvant encore. Architecte de