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Disparition

Hommage à l’écrivain américain Louis Wolfson: «Une rencontre aussi improbable que celle de messieurs Celsius et Fahrenheit»

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Anne Ropers, dramaturge et psychanalyste, qui prépare un film documentaire sur sa correspondance avec l’écrivain américain du mythique « Le schizo et les langues », né en 1931, lui rend hommage.

Louis Wolfson. (DR)
Par
Anne Ropers, dramaturge et psychanalyste
Publié le 21/09/2025 à 16h25

«Mais, comment dire d’où ou de quoi nous provenons, hors le brassage perpétuel, infini des particules ?» (1)

J’ai eu une longue correspondance avec un écrivain hors du commun, Louis Wolfson, depuis 2016, lorsque je lui ai demandé, par l’intermédiaire de Gallimard, les droits de représentation de le Schizo et les langues pour mon spectacle Wolfson avec Denis Lavant. J’ai eu la surprise de recevoir une réponse de celui qui est considéré en France surtout comme une personne mythique et un cas clinique, une sorte de président Schreber de la seconde moitié du XXe siècle.

Il me tutoyait d’emblée. Très vite, son agressivité méfiante est retombée, et au fil des échanges une relation amicale improbable est née avec Louis, qui s’était nommé lui-même «l’étudiant de langues schizophréniques», mais aussi «l’épave d’évadé» et «le fantasque à l’aspect famélique et fou». Une rencontre aussi improbable que celle de messieurs Celsius et Fahrenheit dont Louis m’apprenait qu’elle se produisait à moins quarante.

Il m’écrivait sur sa vie passée, à New York, son errance, et les violences qu’il a subies en psychiatrie, de 1950 à 1970 : vingt «électrochocs», soixante-quatre «insulinochocs», et des contentions en camisole de force. Et il a échappé de peu à l