Les premières pages de ce roman vous tordent les tripes. Nous sommes le 6 juin 1944, dans la peau d’Andrew, un sergent qui se prépare à débarquer avec ses hommes sur une plage de Normandie. Ils feront partie de la première vague d’assaut. Ils ne le savent pas encore mais ils vont tomber comme des mouches à peine sortis de la barge qui les amène sur la terre ferme, pilonnés par les Allemands depuis des points de fortification invisibles. Andrew va être un des rares à s’en sortir, il est loin de s’en douter car son esprit est bizarrement occupé par Garnett, son barreur. «A l’approche de la plage menaçante et silencieuse, il ressent à nouveau un élan pour cet homme, écrit Hugo Boris. S’il pouvait, il le serrerait un instant dans ses bras avant leur séparation imminente. Il aurait mieux valu ne pas le rencontrer, ne pas éprouver ce mouvement qui l’a porté vers lui, cette attirance inavouable.» C’est peut-être la perspective de la mort, quasi palpable, qui les pousse l’un vers l’autre.
Silences et indifférence
Près de quatre-vingts ans plus tard, Andrew débarque à nouveau en Normandie. Il a fait le voyage seul du Connecticut, sans prévenir sa fille, on imagine qu’il frôle les 100 ans, il tient à peine debout. Mais il ne peut concevoir