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Biographie

«Huysmans vivant» : ses amis, ses détours, ses emmerdes

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Dans une biographie incarnée, Agnès Michaux ressuscite l’écrivain sulfureux, raconte les relations tumultueuses avec ses contemporains et les virages d’une œuvre à 360 degrés.

Joris-Karl Huysmans en 1905. (Boissonnas et Taponier /Photo12)
Publié le 01/10/2025 à 19h20

Comment faire parler les morts ? Raconter une vie peut facilement ressembler à un discours distant, un récit désincarné. Or la voix de Joris-Karl Huysmans (1848-1907) était «souvent railleuse, souvent désabusée, toujours un peu traînante». Et son sourire… «Il sourit quand il traite la vie de salope, il sourit devant le laid, le vulgaire et l’emmerdatoire, il sourit quand tout va mal et, s’il sourit en se frottant les mains, c’est qu’il est mort de rire.» Un physique, une personnalité saillante, un parcours de self made man. C’était un étrange, triste et sulfureux personnage que l’auteur du révolutionnaire A rebours : orphelin de père à 8 ans, écrivain publié à 26 ans (du recueil de poèmes le Drageoir aux épices), célibataire invétéré et obsédé de sexe tarifé, fonctionnaire zélé rue des Saussaies sa carrière durant, critique d’art et défenseur ardent du naturalisme, puis du décadentisme (lancé par lui-même en 1885 avec «son hobereau névrosé»), finalement devenu un converti après avoir été fasciné par le satanisme.

Ce n’est pas la première biographie, la précédente en date a été publiée au moment du centenaire de sa mort en 2007, et signée Patrice Colmant, Joris-Karl Huysmans, le forçat de la vie (Bartillat, bourse Goncourt de la biographie). Entretemps, l’écrivain a fait son entrée dans la mythique collection de