Ces trois récits de David Grann sont des histoires de disparitions réelles et ils se passent essentiellement là où ils finissent : au Guatemala, à Cuba, en Amazonie. Qui dit disparition, dit recherche : l’écrivain américain part sur les traces des morts avec l’opiniâtreté maniaque et enjouée dont ceux-ci n’étaient pas dépourvus. La plupart de ses textes, écrit-il, «ont un point commun : l’obsession. Ils parlent de gens ordinaires qui sont amenés à faire des choses extraordinaires, des choses impensables pour une large majorité d’entre nous, ils parlent de gens dévorés par une idée qui a germé dans leur tête.» Ce sont des aventuriers, des assassins, des explorateurs, de grands manipulateurs aussi. Grann ajoute : «J’ai toujours cru que mon intérêt pour ce type d’individus était purement professionnel : bons clients, ils faisaient les meilleurs papiers. Il m’arrive pourtant de me demander si je ne leur ressemble pas plus que je ne veux bien le croire.» Il avait 42 ans lorsqu’il a écrit ces lignes. C’est un bon âge pour être lucide sur soi-même.
Les deux premiers récits ont déjà été publiés aux éditions Allia ; le troisième et le plus important, chez Robert Laffont en 2010. Les revoilà assemblés par les Editions du sous-sol dans un gros livre, tête bêche (deux d’un côté, un de l’autre, avec double couverture), comme dans un hamac à deux places sur lequel tombent une infinité de sangsues : les informations.