Plus de 4 200 Français, et un village de Haute-Loire, le Chambon-sur-Lignon, se sont vus décerner le titre de «Juste parmi les Nations». Pour «avoir procuré, au risque conscient de leur vie […] et sans demande de contrepartie, une aide véritable à une ou plusieurs personnes juives en situation de danger», selon la définition qu’en donne Yad Vashem, le mémorial de la Shoah à Jérusalem, où leurs noms sont inscrits sur le mur du Jardin des Justes.
Pourtant, ils sont bien plus nombreux, ceux dont les gestes de désobéissance civile n’ont pas été reconnus. Une armée de l’ombre. «Une loi non écrite dit que pour sauver une famille juive il fallait sept personnes», rappelle le journaliste François-Guillaume Lorrain. Le responsable de la rubrique Histoire au Point est parti sur les traces des derniers Justes vivants. Avec l’aide du Comité français pour Yad Vashem, il a retrouvé les descendants de Justes ou de Juifs sauvés, retournant avec eux sur les lieux du sauvetage, dans toute la France.
La réponse du faible au fort
Lorrain a sélectionné une dizaine d’histoires, comme celle de «la blanchisseuse et [du] petit tailleur». Pendant deux ans, Lucienne cacha neuf personnes, son amoureux Marcel et la famille de ce dernier, dans sa minuscule boutique près de la Porte d’Italie. Pour dissuader les fouilles, elle planquait la nourriture au fond de sa charrette à linge, sous les protections sanguinolentes de ses clientes. Les Justes, «c’est une histoire de modestes, de pauvres, c’est la