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«Il fallait bien les aider» de François-Guillaume Lorrain : sur les traces des derniers Justes vivants

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Le cahier Livres de Libédossier
Le journaliste sort de l’ombre les milliers de Français, souvent modestes, qui ont sauvé des Juifs pendant l’Occupation. Des Justes injustement oubliés, y compris par l’histoire nationale dont ils constituent un «angle mort».
Odette Bergoffen, résistante française, nommée Juste parmi les nations en 1994, pour le sauvetage de Jean-Claude Moscovici, de sa sœur Liliane Moscovici et de leur mère Louise Moscovici. (Avec l’aimable autorisation d’Odette Blanchet-Bergoffen. Flammarion)
publié le 4 décembre 2024 à 21h21

Plus de 4 200 Français, et un village de Haute-Loire, le Chambon-sur-Lignon, se sont vus décerner le titre de «Juste parmi les Nations». Pour «avoir procuré, au risque conscient de leur vie […] et sans demande de contrepartie, une aide véritable à une ou plusieurs personnes juives en situation de danger», selon la définition qu’en donne Yad Vashem, le mémorial de la Shoah à Jérusalem, où leurs noms sont inscrits sur le mur du Jardin des Justes.

Pourtant, ils sont bien plus nombreux, ceux dont les gestes de désobéissance civile n’ont pas été reconnus. Une armée de l’ombre. «Une loi non écrite dit que pour sauver une famille juive il fallait sept personnes», rappelle le journaliste François-Guillaume Lorrain. Le responsable de la rubrique Histoire au Point est parti sur les traces des derniers Justes vivants. Avec l’aide du Comité français pour Yad Vashem, il a retrouvé les descendants de Justes ou de Juifs sauvés, retournant avec eux sur les lieux du sauvetage, dans toute la France.

La réponse du faible au fort

Lorrain a sélectionné une dizaine d’histoires, comme celle de «la blanchisseuse et [du] petit tailleur». Pendant deux ans, Lucienne cacha neuf personnes, son amoureux Marcel et la famille de ce dernier, dans sa minuscule boutique près de la Porte d’Italie. Pour dissuader les fouilles, elle planquait la nourriture au fond de sa charrette à linge, sous les protections sanguinolentes de ses clientes. Les Justes, «c’est une histoire de modestes, de pauvres, c’est la