Eugène Ionesco, né en Roumanie en 1909 et mort en 1994 à Paris, c’est d’abord, à tous les sens du terme, la Cantatrice chauve et la Leçon, créés en 1950 et 1951. Mais il y aura ensuite, entre autres, les Chaises, Rhinocéros et le Roi se meurt. Son Théâtre complet étant paru en Pléiade, Marie-Claude Hubert remarque, dans le Quarto publié aujourd’hui avec l’iconographie afférente à la collection, que «tout un pan de son œuvre est partiellement ignoré aujourd’hui» et elle a ambition avec ce volume «d’en faire redécouvrir une part essentielle». On y trouvera donc aussi les pages du Journal intitulées Présent passé passé présent, le scénario la Vase ainsi qu’un choix d’essais et témoignages. En parodiant le titre de sa pièce Amédée ou Comment s’en débarrasser, on pourrait résumer l’œuvre d’Ionesco par les mots : le langage ou comment s’en débarrasser, ou comment s’en embarrasser. Wikipédia assure que la Cantatrice chauve détient «le record du monde» de représentations ininterrompues dans une même salle (depuis 1957 au théâtre de la Huchette, à Paris, plus de 21000 représentations et de trois millions de spectateurs fin 2021). Qu’une pièce soit recordman (ou recordwoman ?) du monde, c’est dans le ton d’Ionesco.
«Jusqu’à combien savez-vous compter ?»
La Cantatrice chauve ne contient pas de cantatrice, a fortiori chauve, mais ce dialogue : «A propos, et la cantatrice chauve ? – Elle se coiffe toujours de la même façon.» On en