Dans les Leçons américaines, une série de conférences publiée après sa mort, Italo Calvino pose que «l’excessive ambition des intentions peut être un motif de reproche dans bien des domaines d’activité, mais pas en littérature. La littérature ne vit que si elle se fixe des objectifs démesurés, y compris au-delà de toute possibilité de réalisation». Les huit romans de l’auteur italien sont désormais regroupés dans un volume de la Pléiade, rendant compte de l’ampleur d’un parcours hors norme, depuis le Sentier des nids d’araignées (1947) jusqu’à Monsieur Palomar (1983). «L’ambition excessive» de Calvino s’y déploie toute, qu’on pourrait tenter de résumer par une volonté de penser le monde en bâtissant des récits. Penser le monde, c’est-à-dire essayer de le comprendre et d’y agir, avec l’aide de la science et la philosophie. C’est la particularité de Calvino d’avoir porté cette aspiration non pas en écrivant des essais, mais en choisissant de raconter des histoires. Et des histoires ciselées, qui osent l’efficacité narrative, n’hésitant pas à puiser du côté du conte et de l’épopée. Ceci explique sans doute pourquoi il a été en marge des avant-gardes de son temps, considéré trop rapidement comme un classique, un malentendu dont son œuvre a eu du mal à sortir, notamment en Italie.
A travers les errances de la guerre
Le Sentier des nids d’araignées est la nouveauté de ce volume