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J. M. Coetzee, dans «le Polonais» un amour lost in translation

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Le cahier Livres de Libédossier
Le Nobel de littérature 2003 raconte à sa façon humoristique et dramatique la rencontre d’une Espagnole ne parlant pas polonais et d’un Polonais ne parlant pas espagnol.
J.M. Coetzee, à Rome, en 2004. (Tiziana Fabi/AFP)
publié le 13 septembre 2024 à 11h25

Le Polonais, le nouveau et bref roman de J. M. Coetzee, raconte une histoire d’amour. Banal ? Mais qu’est-ce qu’une histoire ? Qu’est-ce que l’amour ? D’autant que les protagonistes sont une Espagnole ne parlant pas polonais et un Polonais ne parlant pas espagnol qui communiquent en anglais que l’homme maîtrise mal, et par la musique, puisqu’il est un interprète réputé de Chopin, raison de sa venue en Espagne. Il invente malgré lui des expressions qui semblent venir du polonais (et finissent ici, traduction supplémentaire aidant, en français). Aussi bien, le Nobel de littérature 2003, né en 1940 en Afrique du Sud et installé en Australie depuis près de vingt ans, raconte à sa façon humoristique et dramatique l’histoire d’amour littéraire née de la recherche du fameux mot juste, après lequel courent ses personnages, qui se révèle souvent le mot injuste, drame qui est une vision si ce n’est une définition de la littérature.

Femmes caritatives et cultivées

Le Polonais est septuagénaire, l’Espagnole une quinquagénaire «fière de ses fils, de la façon dont ils ont pris leur vie en main très tôt, comme si c’était une entreprise qui devait être gérée avec sagesse et fermeté», ce que ne fait certes pas son prétendu amoureux – car est-ce vraiment une histoire d’amour ? – qui aurait tendance à se prendre pour Dante sous prétexte qu’elle s’appelle Beatriz. Mais il faut faire preuve de tolérance linguistique.