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Recueil

Jack-Alain Léger, plume envolée

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Pour les dix ans de la mort de l’écrivain, l’éditrice Cécile Guilbert met à l’honneur, dans un ouvrage conséquent, ses textes, écrits sous d’innombrables pseudonymes, allant de l’essai au roman en passant par le polar.
L'écrivain Jack-Alain Leger, en 1972. (Louis Monier/Bridgeman Images)
publié le 18 octobre 2023 à 23h23

Il y a dix ans, Jack-Alain Léger, homme de plume, décollait du huitième étage de son appartement, 59 boulevard Arago, Paris. Il lui arrivait de passer la mesure, cette fois il passait la rambarde, délivré de la gravité. Puis le silence, l’œuvre d’un des plus grands écrivains français des cinquante dernières années introuvable, sinon sur Momox ou eBay. Le voici réédité, 1 000 pages chez Bouquins.

Oiseau littéraire en voie d’extinction, Jack-Alain Léger est l’écrivain complet se jouant de tous les genres, roman expérimental, feuilleton populaire, fresque historique, polar, essai, journal, autofiction, pamphlet, essai politique, critique musicale, fable, qu’il signe d’une multitude de pseudonymes, Melmoth, Dashiell Hedayat, Paul Smaïl, Jack-Alain Léger, Eve Saint-Roch mais jamais de son nom, Daniel Théron, né en 1947 (comme David Bowie). Et toujours du haut de gamme, de l’admirable, de l’inégalable ! «Aujourd’hui, pour son Monsignore, best-seller international adapté à Hollywood, il obtiendrait le Goncourt», note l’éditrice Cécile Guilbert, qui a dirigé la réédition. Avec une finesse érudite, elle a sélectionné dans cette œuvre abondante un échantillon polyphonique.

«Vous serez un grand écrivain posthume», lui aurait prédit Antoine Gallimard, que Jack-Alain rebaptise Gallimuche. L’éditeur n’avait pas tort. Le temps a bonifié ses romans et ses chr