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Poésie

Jacques Réda : «J’ai toujours été dans la compagnie des arbres», sa dernière interview à «Libé»

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Le cahier Livres de Libédossier
Le poète est mort ce 30 septembre à l’âge de 95 ans. En mars 2023, à l’occasion du «Printemps des poètes», «Libération» avait rencontré cet infatigable arpenteur de Paris, «l’un des derniers dinosaures» attachés au vers régulier.
Jacques Réda, 94 ans, chez lui à Paris, le 8 mars. (Christophe Maout/ Libération)
publié le 10 mars 2023 à 18h12
(mis à jour le 30 septembre 2024 à 15h01)

A l’occasion de la mort de Jacques Réda, le 30 septembre 2024, nous republions cet entretien paru le 10 mars 2023.

Il s’allume une cigarette en ayant pris soin d’en retirer le filtre, puis une autre. Les médecins ne lui disent plus rien. Quand ils lui demandent depuis combien de temps il fume, il répond : «Soixante-quinze ans.» A 94, il grille ses roulées dans son bureau du rez-de-chaussée. Outre le tabac, il n’a besoin pour écrire que de feuilles volantes et d’un stylo-plume. Mais moins évident qu’il n’y paraît : «On ne trouve plus de papier de qualité ni d’encre vraiment noire.» L’étape suivante consiste à taper les poèmes à la machine et, là encore, ça se complique : «Si vous connaissez quelqu’un qui veut se débarrasser d’une machine à écrire en bon état, faites-moi signe parce que depuis un an j’en ai bien usé quatre ou cinq.» Jacques Réda garde ses distances avec les ordinateurs, n’a jamais appris à s’en servir et ne compte pas s’y mettre. A contrevent, il consacre un recueil aux arbres, en vers rimés. Avec l’âge, le poète, longtemps infatigable arpenteur de la capitale et de ses environs (à pied, vélo ou Solex), quitte désormais beaucoup moins le logis.