Femme ou homme, aucun personnage des nouvelles de Rumena Buzarovska n’échappe à la complète mise à nu de ses défauts et de ses préjugés. Jalousie, lâcheté, arrogance…, la plume malicieuse de l’autrice macédonienne de 44 ans se délecte des petitesses d’âmes formatées par les contraintes sociales. «J’aime critiquer la société, et je déteste le sentimentalisme, sourit-elle, assise à un café de son quartier résidentiel de Skopje, quelques heures avant de s’envoler pour une tournée promotionnelle en Espagne. L’humour me permet de tuer ce sentimentalisme, et c’est également le meilleur moyen pour pointer la rigidité, le sexisme ou le racisme de quelqu’un.»
A la troisième ou à la première personne, les femmes quadras de la classe moyenne qui s’expriment majoritairement dans ses livres voient leurs émotions exposées sans filtre, âprement moquées, mais avec une bienveillance certaine. Désabusées, Vesna, Sofia ou Svetlana doutent, et elles s’épuisent à tenir leur rôle de mère, d’épouse ou de célibataire. Elles sont tout autant incapables que les hommes qui les entourent de dépasser le conformisme moderne et de communiquer avec l’autre. «C’est l’une des choses que je veux faire : humaniser les femmes et leurs défauts, et ne pas les juger plus ou moins durement que les hommes.» Cette aspiration ne surprend pas dans les Balkans.
Si elle est aujourd’hui l’une des écrivaines les plus en vue de la région, traduite dans plus d’une douzaine de langues, «Rumena» y est