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Fragments

«Je suis ce qui me manque» de Dionys Mascolo : le trou des années 50

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Les années denses d’engagement n’apparaissent pas dans les carnets du penseur, résistant et communiste, qui fut le mari de Marguerite Duras.

Dionys Mascolo, Marguerite Duras et Robert Antelme en 1943. (Jean Mascolo)
Publié le 17/10/2025 à 16h15

Il n’y a rien ou presque dans Je suis ce qui me manque (ni dans l’ensemble des carnets, confirment les éditeurs) sur l’activité militante concrète de Dionys Mascolo, ce qui fait en effet de ce journal celui d’une «âme». Une des explications tient peut-être au fait que la liasse couvrant les années 1950 n’a apparemment pas été transmise à Dobbels. Or ce sont des années denses d’engagement pour Mascolo : publication de deux essais, constitution en 1955 du «Comité des intellectuels contre la poursuite de la guerre en Afrique du Nord» avec Duras et Antelme (rallié par André Breton et les surréalistes), création deux ans plus tard du «Comité des intellectuels révolutionnaires» avec le surréaliste Jean Schuster après la dissolution du précédent, puis en 1958 création, avec Schuster encore, de la revue le 14 juillet, en opposition à la prise du pouvoir par de Gaulle.

Mais dans les pages conservées, il n’y a rien non plus sur le Manifeste des 121 (1960) contre la guerre d’Algérie dont Mascolo est un des principaux rédacteurs, rien sur le «Comité d’action étudiants-écrivains» qu’il fonde en 1968 et son bulletin Comité – aussi bien les textes y sont anonymes, ce qui pourrait justifier le silence. Pourtant Mascolo n’hésite pas à faire des retours en arrière tout au long de son journal. Les quelques éléments «concrets» ont été rassemblés ici dans le chapitre intitulé «L’exigence révolutionnaire». Des remarques critiques émaillent d’autres section