Il y a trente-cinq ans, le 15 avril 1986, Jean Genet était retrouvé mort dans une chambre d’hôtel du XIIIe arrondissement. Si c’est son théâtre qui l’a mondialement rendu célèbre, l’essentiel de son œuvre ne lui aura guère pris plus de dix ans. Après son théâtre publié en 2002, ses Romans et poèmes, qui se concentrent de 1942 à 1948, paraissent aujourd’hui dans la Pléiade. Quinze jours avant sa disparition, l’écrivain de retour du Maroc passe chez celui qui était son ami et son avocat depuis la guerre d’Algérie, futur ministre des Affaires étrangères, avec dans les mains une sorte de legs testamentaire. Sur le bureau, il dépose une valise en cuir noir, une autre en skaï marron, et une liasse de papiers que l’avocat s’empresse de ranger dans une serviette en cuir. Genet se sait condamné par un cancer de la gorge. Il a arrêté de prendre son traitement pour pouvoir achever l’ouvrage qui l’occupe depuis trois ans. On trouvera d’ailleurs sur la table de nuit de la petite chambre d’hôtel mortuaire les épreuves corrigées d’Un Captif amoureux, son dernier livre. Ces deux valises sont comme des mémoires d’outre-tombe. Jusqu’en 2020, le contenu de cette livraison in extremis était resté quasiment au secret dans le cabinet de Roland Dumas, avant que celui-ci n’en fasse donation à l’Imec (Institut mémoires de l’édition contemporaine, près de Caen) fin 2019. A l’automne dernier, Albert Dichy, spécialiste de Jean Genet et directeur littéraire de l’Imec, a déployé en s
Jean Genet en toute transparence
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Jean Genet à un meeting des Black Panthers, dans le Connecticut, en 1970. (David Fenton/Getty Images)
publié le 23 avril 2021 à 11h49
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