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Libération
Rétrospective

Jean-Paul Kauffmann, territoires de la renaissance

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Le cahier Livres de Libédossier
«Le Bordeaux retrouvé», «l’Arche des Kerguelen», «la Chambre noire de Longwood»… Une grande partie de l’œuvre de l’ancien journaliste, devenu écrivain après ses trois ans de captivité au Liban dans les années 80, est rassemblée dans «Zones limites».
Jean-Paul Kauffmann à Paris en février 2019. (Serge Picard/VU)
publié le 15 mars 2023 à 19h23

La belle couverture, frappée d’un cèdre du Liban, indique de quoi il retourne. Derrière, montrant que le récit se déroule sur plusieurs plans, des lignes de crêtes. Celles, peut-être, qu’emprunta Jean-Paul Kauffmann avant de redescendre le long d’un grand fleuve de France, parmi les siens. Son histoire libanaise n’a cessé de roder dans chacun de ses livres. En les rassemblant sous le titre Zones limites, les éditions Bouquins semblent publier un seul et même livre, récit du retour sur terre de celui qui faillit en être chassé à jamais. D’un livre l’autre, un écrivain fraye sa route, transfigurant une expérience indicible avec l’écriture, taillant son chemin dans l’innommable à coups de métaphores – l’insularité, la solitude, la désolation –, magnifiant ses fêlures par l’écriture avant de remonter la Marne et de connaître la joie, «le moment où tout s’ajuste parfaitement».

La première station, c’est le Bordeaux retrouvé, petit chef-d’œuvre hors commerce publié le 15 novembre 1989. Imprimé sur les presses de l’imprimerie Loeillet, dans l’Indre, le volume de 134 pages fut d’abord destiné aux seuls proches qui le photocopièrent pour partager. «Je tiens à ce que ce livre conserve un caractère intime et même confidentiel. Nous vivons dans un système où le malheur doit être rentabilisé. Aussi ai-je voulu que ce livre soit édité hors commerce», dit-il dans la préface. De l’ignoble au vignoble, le Bordeaux retrouvé relate son périple dans le B