Jean Rolin poursuit ses déambulations du monde entier au cœur du monde, d’un pied léger, toujours en surface, toujours un peu à côté, à travers de longs plans-séquences, adaptant sa prose aux courants et méandres qui font dériver sa silhouette. Il a naguère promené celle-ci sur les traces des chiens jaunes (Un chien mort après lui, 2009). Les oiseaux ont souvent guidé sa plume. Cette fois, comme dans la chanson de Brassens, le voilà parti à la chasse aux papillons. Le lecteur va devenir la Cendrillon qui, «ravie de quitter sa cage, met sa robe neuve et ses bottillons», et, «bras dessus bras dessous» avec l’auteur, rejoint «les frais bocages», comme dit la chanson. Mais pas tout de suite.
Au début des Papillons du bagne, Jean Rolin trouve dans sa bibliothèque un vieil exemplaire du Journal de Katherine Mansfield qui a dû appartenir à sa mère. L’écrivaine néo-zélandaise y écrit des choses qu’il aurait pu écrire, par exemple : «Aucun oiseau ne se perche sur un arbre plus fièrement qu’un pigeon.» On apprend, à cette occasion, que la mère de Jean Rolin a perdu un frère à la guerre et qu’un bon écrivain oublié,