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Rencontre

Jenny Erpenbeck : «Raconter avant et après la chute du Mur»

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Rencontre à Paris avec la romancière née à Berlin-Est, autour de «Kairos», histoire d’un amour entre une étudiante et un écrivain manipulateur, avec en arrière-plan l’effondrement de la République démocratique allemande.

Jenny Erpenbeck, le 12 septembre à Paris. (Lucile Boiron/Modds pour Libération)
Publié le 19/09/2025 à 16h44

Automne 1989, Berlin-Est. Tandis que les jours de la République démocratique allemande sont comptés, une jeune femme de 22 ans est recluse chez elle. Un casque sur les oreilles, échappant aux tumultes de la révolution en cours, elle décrypte une cassette. Comme en apnée, elle écoute la voix de l’homme qu’elle aime toujours et qu’elle a trahi disséquer leur relation avec une cruauté harcelante. La blonde héroïne de Kairos«belle même quand elle mâche», ce que pensait au début de leur coup de foudre Hans –, transcrit cette longue lettre parlée sur un papier. Son amant, un écrivain marié, plus âgé qu’elle de trente-quatre ans, reprend à chaque fois la cassette, l’efface, pour enregistrer un autre message. Et elle s’accroche aux mots écrits, car cette cassette avec ses couches d’enregistrement effacées la plonge dans le désarroi, elle ne sait plus où elle est.

Cette scène du cinquième roman traduit de Jenny Erpenb