«Les roches respirent», affirme Jérôme Gaillardet dans un ouvrage aussi savant que poétique, un des livres les plus inspirants qui aient été écrits récemment sur cette entité encore inconnue qui nous préoccupe de plus en plus : la Terre.
Respirer, après tout, ça n’est rien d’autre qu’absorber un gaz pour en restituer un autre. Nous autres, animaux, absorbons de l’oxygène et rendons du gaz carbonique, alors que les végétaux, eux, font l’inverse – c’est bien connu. Mais les roches ne se contentent pas d’être le décor passif de cette ronde bien réglée. Elles participent tout autant à maintenir l’ai respirable : exposées à cet acide qu’est l’eau de pluie chargée en gaz carbonique, elles s’altèrent et deviennent, par exemple, coquilles calcaires au fond des océans, où le carbone reste piégé. D’ailleurs, il n’y aurait plus de carbone depuis longtemps dans l’atmosphère si n’intervenait pas un autre agent : les volcans, qui en recrachent. Mais ce carbone volcanique, d’où vient-il ? Eh bien précisément des sédiments océaniques pleins de calcaire que la tectonique des plaques a poussés sous la croûte terrestre, dans le manteau en fusion de la terre, d’où il ressort en hurlements de feu.
Ce sont les fuites, les «erreurs de recyclage» de ce cycle imparfait qui ont rendu possible la vie : une partie du carbone