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Littérature

Jeudi polar : il y a de la fusée dans l’air

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Avec «V2», Robert Harris nous projette à la fin de la Seconde Guerre mondiale quand, afin de retourner le cours d’une guerre qu’il était en train de perdre, Hitler a dégainé des armes meurtrières.
Sur la base de White Sands (Nouveau-Mexique) le 30 avril 1946, avant un test de tir secret, une fusée V2 récupérée en Allemagne. (Leemage. AFP)
publié le 1er décembre 2022 à 8h30

La Seconde Guerre mondiale est une mine inépuisable pour auteurs de romans d’espionnage ou thrillers historiques. Et quand l’auteur se nomme Robert Harris, à qui l’on doit l’extraordinaire Fatherland (1992, Julliard) qui imaginait un monde où l’Allemagne nazie aurait gagné la guerre, alors on se précipite. Et l’on annule tous les rendez-vous non urgents, on éconduit les importuns, on sèche les cours de gym, on laisse passer sa station de métro pour aller jusqu’au bout de la ligne. Ce bouquin-là est un immense bonheur de lecture.

Rudi Graf est un jeune ingénieur allemand un peu idéaliste, très proche de Wernher von Braun avec qui il a partagé son adolescence et surtout une passion pour l’aérospatial. Il a en effet mis au point une fusée surpuissante qui, il en est certain, lui permettra un jour de s’envoler vers la Lune. Le problème, c’est que Wernher von Braun devient un officier SS de haut rang et qu’il l’entraîne à mettre son invention au service du Reich. C’est ainsi que la super fusée spatiale va se transformer en V2, et le V2 est une véritable saloperie. «Pendant la guerre et même après, la question fut souvent posée : quelle était la fusée la plus effrayante ? Le V1, bombe-drone sans pilote que l’on pouvait entendre et voir et qui ne piquait du nez que lorsque son carburant était épuisé, ce qui, en théorie, donnait le temps, dans le silence qui suivait, de chercher un abri ? Ou le V2, qui frappait sans prévenir ? La plupart des gens répondaient : le V2, bien s