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Jeudi polar

«Labyrinthes», de Franck Thilliez: dans le dédale de la folie

Avec son nouveau thriller, Franck Thilliez donne enfin les clés d’énigmes laissées en suspens dans ses précédents romans.
Le suspense est au rendez-vous dans «Labyrinthes». (Bettmann Archive. Getty)
publié le 1er juin 2022 à 12h11
(mis à jour le 2 juin 2022 à 8h29)

Franck Thilliez écrit des thrillers. Et il en vend beaucoup puisqu’il compte parmi les auteurs les plus lus en France (huit millions d’exemplaires vendus, pas moins). Son dernier opus, Labyrinthes, mérite encore une fois le détour. Chez cet auteur né à Annecy en 1973, on note trois grandes tendances. Tout d’abord la colonne vertébrale de son œuvre, avec Franck Sharko et Lucie Hennebelle qui mènent des enquêtes policières (de plus en plus en couple avec les années). Ensuite, les récits «one shot», plutôt horrifiques, comme l’Anneau de Moebius, Puzzle ou Vertige. Et, depuis 2018, il y a un nouvel arc autour de Caleb Traskman, un romancier malsain qui écrit des romans sur des romanciers qui écrivent des romans. Labyrinthes est le troisième volet de cette nouvelle série. En réalité, ce n’est pas vraiment une suite, c’est un point de vue nouveau, qui éclaire des événements majoritairement passés sous silence dans les tomes précédents.

Alors, oui, on peut lire Labyrinthes sans connaître les histoires précédentes, parce que la construction narrative le mérite… mais ce sera quand même beaucoup plus satisfaisant pour qui aura lu les deux premiers volets : Thilliez donne enfin les clés d’énigmes laissées en suspens (des blogs de passionnés proposaient des hypothèses depuis quatre ans). On en apprend davantage sur Julie, l’Arlésienne que son père cherchait dans Il était deux fois ou sur Caleb Traskman, l’auteur du roman fictif raconté dans le Manuscrit inachevé.

L'épisode précédent

De quoi parle Labyrinthes ? C’est une histoire complexe, avec une narration volontairement déconstruite et une notion du temps totalement distordue pour tromper le lecteur. En gros, une victime au visage défoncé à coups de tisonnier est retrouvée dans un chalet et la personne suspecte est atteinte d’amnésie. En charge de l’enquête, Camille Nijinski va essayer d’en savoir plus auprès d’un psychiatre qui a recueilli l’incroyable témoignage de la suspecte avant qu’elle perde la mémoire. Franck Thilliez met tous les ingrédients possible pour créer une ambiance malsaine : de la folie, des snuffs movies, de l’usurpation d’identité, de l’enfermement, de la torture psychologique, des chalets abandonnés… Bref, les personnages sont malmenés et l’atmosphère est pesante à souhait.

Si on se fait plusieurs fois la réflexion qu’il en fait trop, on se surprend quand même, au fil de la lecture, à serrer le livre un peu plus fort et à tourner les pages beaucoup plus vite. Comme dans les bons thrillers, le suspense est au rendez-vous et à la fin on se dit «quand même, c’est bien fichu». Franck Thilliez fait les choses avec talent et boucle enfin toutes les histoires de sa série.

Ce n’est peut-être pas de la littérature de référence (quoique) mais c’est rare de trouver des romans avec une construction aussi complexe et maîtrisée : Labyrinthes, comme son nom l’indique, est une longue énigme de 384 pages.

Labyrinthes, Franck Thilliez, Fleuve Noir, 384 pp., 21,90 €.