Une vedette coréenne du journal télévisé est retrouvée morte, nue, la nuque brisée, dans l’atelier d’un peintre célèbre. Poussée ou tombée d’une rambarde à l’étage. L’autopsie établit que la victime a eu des rapports sexuels violents peu avant son décès. Un viol ? Une séance de sado-masochisme qui a mal tourné ? La scène d’ouverture est troublante. «Le corps gisait dans une posture qui n’avait rien de naturel. Mais la vie ne l’avait toujours pas quitté. Difficile de savoir si la femme ressentait de la souffrance, mais son corps était agité de spasmes, ses yeux étaient pleins de larmes. Vêtu d’un jean, pieds nus, l’homme s’approcha d’elle à pas lents. Alors qu’elle ouvrait la bouche et semblait murmurer, il s’agenouilla près d’elle et approcha une oreille de ses lèvres. Il ne toucha pas son corps. Il n’appela pas les secours. Quand elle eut fini de parler, il se leva sans hâte et ôta son jean. Puis il chevaucha le corps de la femme, toujours en proie à des convulsions. Elle n’eut aucune réaction, ne dit rien : elle en était manifestement incapable. L’homme fit l’amour sur elle, rapidement. Impossible de savoir si le dernier souffle de la femme devança l’éjaculation de l’homme ou vice-versa. Quand l’homme se releva, la femme n’avait plus de convulsions. Ses yeux larmoyants ne clignaient plus.»
Le problème, c’est que Choi Sun-woo est bien plus qu’une star du JT. C’est une icône, une femme parfaite, jamais prise en défaut, mariée à Park Moon-hyun, lui-même un homme parfait, héritier d’une des plus grosses fortunes du pays. Pas question de laisser entendre qu’une des pistes de l’enquête mène à des jeux sado-masochistes extrêmes avec un amant. A la procureure Ju-hee en charge du dossier, le veuf éploré laisse entendre qu’il est hors de question de salir l’image de sa femme, que son pouvoir est immense, qu’une possibilité de promotion peut vite se retrouver dans un tiroir fermé à double tour.
Le précédent Jeudi polar
Ju-hee est bien consciente de l’écueil. Elle a fait beaucoup de sacrifices pour pouvoir envoyer son mari et ses filles en Angleterre afin que le premier y conclue son cursus post-doctoral et les deuxièmes y poursuivent leur scolarité. Elle vit seule à Séoul, passionnée par son travail. Très vite, la personnalité du suspect va l’intriguer. Le peintre Seo In-ha est un drôle de type, fuyant, obsédé par les femmes. Il se dit fou amoureux de la victime. Tout l’accuse. Malgré les chausse-trapes, elle ne va pas lâcher l’affaire, et le lecteur non plus, fasciné par cet étrange pas de deux.