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«Post frontière», les vertiges de la guerre

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Le cahier Livres de Libédossier
Dans un roman noir plein de rebondissements, Maxime Gillio met en scène trois femmes allemandes ballottées par les méandres de l’Histoire et des frontières.
Des Allemands fuyant la ville d'Aachen le 17 Octobre 1944. (Fred Ramage/Getty Images)
publié le 31 août 2023 à 10h02

Pas vraiment un roman policier mais un vrai roman voir. Noir comme les croix gammées qui, en cette année 1944, sont en train de vaciller dans toute l’Europe, laissant derrière elles des champs de ruines et de morts. Le prologue du roman débute à cette époque, dans un petit village de Bohême, rattaché au Reich depuis 1938. Le vent de l’Histoire est en train de tourner, l’heure de la vengeance a sonné pour les populations tchécoslovaques qui depuis le début de la guerre se sont fait spolier et humilier par la minorité germanophone. Et même si Anna, simple paysanne dont la famille vit ici depuis des générations, n’a jamais fait de politique, c’est une Allemande, une «Sudète», et elle va devoir quitter sous les crachats sa terre, avec ses deux enfants en bas âge, pour un exil de sang et de larmes à travers les camps russes jusqu’à Berlin dévasté.

Anna est la première des trois femmes structurant le récit de Post frontière, dernier roman de Maxime Gillio. La seconde est Inge Oelze, une sexagénaire allemande à la retraite qui a passé sa jeunesse dans la RDA communiste. L’action principale se passant en 2006, les souvenirs de ce pays gris, de la Stasi et du Mur sont toujours bien présents. C’est d’ailleurs pour cette raison que Patricia Sammer, la troisième protagoniste du livre, est venue rencontrer Inge. Journaliste au Tageszeitung, la jeune femme prépare un roman sur les personnes ayant fui l’Allemagne de l’Est dans les années 1960. Grâce aux archives désormais cons