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Littérature

Jeudi polar: «Souvenirs du rivage des morts», assassins de pères en fils

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Dans un roman haletant, Michaël Prazan nous plonge dans la grande époque du terrorisme international des années 70.
Michaël Prazan est l'auteur de nombreux livres et films sur les crimes de masse qui ont ensanglanté le XXe siècle. (Vincent Alvarez)
publié le 13 janvier 2022 à 8h00

En apparence, M. Mizuno est un retraité japonais sans histoire, un grand-père comblé et aimant. Qui pourrait imaginer qu’il s’appelle en réalité Sanso Yasukazu et que cet ancien activiste de l’Armée rouge japonaise a de nombreux morts sur la conscience ? Dès qu’il ferme les yeux, allongé au bord de la piscine où barbotent ses petits-enfants, dans un grand hôtel de Bangkok, les souvenirs affluent, des visages reviennent le hanter. Ceux des victimes des attentats auxquels a participé son organisation, louée pour sa discipline militaire et le sens du sacrifice de ses membres, à l’aéroport de Lod-Tel Aviv en 1972 ou au drugstore Saint-Germain à Paris en 1974. Mais surtout les purges terribles dont furent victimes ses camarades de lutte pendant l’hiver 1970 et 1971.

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Un matin, il croise le regard d’un touriste allemand dans le hall de l’hôtel. Pas de doute, c’est «Angie», un militant de la Fraction armée rouge qu’il a connu dans un camp d’entraînement du Front de libération de la Palestine (FPLP) à Beyrouth. Lors d’une opération en Israël, 27 civils égorgés dans leur sommeil, Angie lui avait confié ses doutes : «A Francfort, dans les manifs, on criait “Auschwitz, plus jamais !”