Et si Louise Brooks avait accepté de tourner à nouveau pour lui ? Et si Greta Garbo avait fait de même ? Peut-être alors le cinéaste allemand Georg Wilhelm Pabst, parti aux Etats-Unis après la prise de pouvoir de Hitler, aurait-il pu tenir tête aux producteurs, trouver sa place à Hollywood. Mais le réalisateur de Loulou (1929), de la Rue sans joie (1925), deux chefs-d’œuvre du muet, choisit de retourner en Allemagne, à la différence de nombreux grands noms des studios berlinois de Babelsberg, siège dans les années 1920 et 1930 de la deuxième industrie filmique au monde. C’est cette histoire que raconte dans Jeux de lumière l’écrivain allemand Daniel Kehlmann, dans une fiction grandement appuyée sur la réalité biographique du personnage principal.
L’auteur fait des allers et retours entre aujourd’hui, à la suite de l’assistant de Pabst, devenu pensionnaire d’une maison de retraite, et les années du IIIe Reich. L’alcool, la fatigue, la mémoire qui flanche chez les protagonistes, des incursions dans le fantastique… tout concourt à créer une atmosphère somnambulique, typique des films muets. La rencontre de Pabst avec Goebbels fait aussi penser à Kafka. Le ministre du Reich, cinéphile, se dédouble, le bâtiment dans lequel il officie a l’air bien plus grand à l’intérieur que vu de l’extérieur. Le patron nazi de la propagande se joue de «Pabst le rou