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Critique

«Johnny est-ce que tu m’aimerais si j’avais une plus grosse bite ?», du cul à l’ouvrage

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Jubilatoire et dégoulinante autofiction de l’écrivain noir américain Brontez Purnell, pour la première fois traduit en France.
Brontez Purnell est né en 1982 dans l’Alabama. (Benoit Rousseau)
publié le 5 juillet 2024 à 15h28

«Ce n’est pas la taille qui compte», prétend l’adage. Brontez Purnell, lui, ne prête aucun crédit à ce dicton dont on retient la connotation phallique. L’obsession de l’écrivain californien, né en 1982 dans l’Alabama, pour les gros chibres, lui qui n’a qu’un sexe de 13 centimètres selon ses écrits, nourrit un roman jubilatoire, son deuxième. «J’ai gravé dans le marbre cette règle d’or à propos des teubs : la taille peut compter ou pas, tout dépend de qui tu es et de ce que tu cherches ; mais ce qui compte par-dessus tout, c’est de savoir si oui ou non t’as envie de buter le mec qui y est attaché à cette bite», professe le protagoniste de l’ouvrage. Le premier traduit pour l’auteur multiprimé, poète, chanteur et musicien d’un groupe queer-punk, danseur contemporain, chorégraphe et performeur.

Autofiction, Johnny… narre les tribulations toxico-sexuelles, des saunas gays aux barebackers anonymes, d’une «pédale» noire, séropo, camée, arty-prolo, depuis un squat d’Oakland West dans la baie de San Francisco au cœur des années 2000. Des «chroniques de drague» qui ont aussi constitué les textes d’un fanzine lycéen, Fag school. Le ton n’y est évidemment pas policé – certains diraient que le style est trash –, mais retenons plutôt sa sincérité touchante et radicale qui appelle un chat, un chat, et donc une bite, une bite. Par exemple, au sujet des abus sexuels dont le narrateur a été victime enfant : «J’avais à peu près vingt-cinq ans et je suçais