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«Joli Mois de mai» d’Alan Parks : à Glasgow, des histoires qui sentent le mensonge

Le romancier écossais poursuit sa saga noire de l’inspecteur Harry McCoy qui, à peine sorti de l’hôpital, doit gérer plusieurs affaires de meurtres.
(Chris Steele-Perkins/Magnum Photos)
par Christine Ferniot
publié le 26 mai 2024 à 12h10

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Depuis Janvier Noir, Harry McCoy et son coéquipier Wattie arpentent Glasgow en s’arrêtant souvent dans les pubs pour écouter les flics et les truands, les pauvres et les escrocs, les prostituées et les sans-abris. Dans ce cinquième opus, dont le titre – Joli Mois de mai – est sarcastique, l’inspecteur Harry n’est pas au mieux. Il vient de sortir de l’hôpital, devrait rester au lit sans boire ni fumer mais pas question de vivre un jour de plus sans bouger en mangeant du cabillaud bouilli. Il soigne son ulcère à sa manière et tant pis s’il a failli crever et risque gros. En son absence, une sale histoire s’est déroulée dans un salon de coiffure. Apparemment, trois garçons ont mis le feu au Dolly’s Salon où des gamines et leurs mères sont brûlées vives. Au moment où les suspects sont amenés au tribunal, un mouvement de foule tourne mal et les trois jeunes sont enlevés.

Comme toujours dans les livres d’Alan Parks, plusieurs affaires se déroulent en parallèle. Ainsi, une gamine est retrouvée morte dans un cimetière et un vieux vendeur de porno se suicide bizarrement. McCoy avale son Pepto-Bismol pour tenir le coup mais il ne se contente pas d’ingurgiter ce médicament, il recommence la bière, fume comme un pompier, vomit sur ses chaussures tout en cherchant les vrais coupables à toutes ces histoires qui sentent le mensonge. Bien sûr, les intrigues sont au cordeau et McCoy s’en sortira, mais le talent d’Alan Parks est dans les détails. Quand son héros cherche un vieil homme dans un Model, sorte de local pour sans-abris qui pue la pauvreté et l’abandon. Parks écrit des pages bouleversantes sur ces types qui restent assis sur un grabat, le regard vide. Les plus vaillants se damneraient pour un verre d’alcool et McCoy est là, à leur tendre la main en pensant à son père qui ne valait pas mieux.

Joli Mois de mai s’attarde particulièrement sur ceux que la société a abandonnés. Les gamines mal aimées, les ados mal élevés, les vieux oubliés et les truands qui font leur miel avec les plus faibles. Incroyablement bouleversant, ce nouveau roman d’Alan Parks est d’une belle noirceur et d’une humanité constante. Chaque fois qu’il referme un épisode de cette saga écossaise, le lecteur se dit qu’il vient de lire le meilleur. Joli Mois de mai rajoute une belle couche de violence urbaine et de misère, offrant une nouvelle géographie de Glasgow, formidable héroïne de ces romans qui se situent en 1974, douze mois durant.

Joli Mois de mai d’Alan Parks, traduit de l’anglais (Ecosse) par Olivier Deparis, éditions Rivages, 432pp, 22,50 €