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Essai

José Carlos Agüero et le Sentier lumineux, repenser la violence

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Le cahier Livres de Libédossier
Dans «Après la violence», le fils de deux membres du Sentier lumineux au Pérou revient sur son héritage familial et pose un regard nouveau sur les notions de victimes et bourreaux.
Lors d'une manifestation pour célébrer la mort de l'ancien chef du Sentier lumineux, Abimael Guzman, à Lima, en septembre 2021. (Ernesto Benavides/AFP)
par Maïa Sieurin
publié le 19 février 2025 à 22h26

On ne choisit pas ses parents. Ceux de José Carlos Agüero étaient membres du Sentier lumineux, un groupe armé communiste qui a plongé le Pérou dans une guérilla violente, des années 80 à 2000. Tous deux ont été assassinés pour leur appartenance au mouvement. Victimes du groupe ou des représailles de l’armée, près de 70 000 personnes sont mortes ou ont disparu en vingt ans. L’historien et écrivain analyse dans Après la violence – le premier de ses ouvrages à être traduit en français – son statut paradoxal, entre enfant de «terroristes» et orphelin de parents exécutés.

«On apprend à vivre avec la honte. Avoir une famille qui, pour une partie de la société, est entachée de crimes, une famille terroriste, est une réalité concrète, comme une chaise, une table ou un poème.» Enfant, José Carlos Agüero vit ce quotidien avec difficulté. Comment répondre lorsqu’on lui demande où se trouvent ses parents et quel métier ils exercent ? Comment réagir quand la famille d’une de ses camarades refuse de le recevoir à cause des engagements de la sienne ? La colère, la honte s’allient à la culpabilité et s’installent durable