Un suffrage qualifié, entre 1848 et 1944, d’universel quand il ne concerne que les hommes, des prétendues citoyennes privées du droit de vote, mais, pour trois d’entre elles, secrétaires d’Etat sous le Front populaire… Si ces incohérences de notre démocratie sont relevées depuis longtemps, une autre, négligée, a retenu l’attention de Fanny Bugnon, à la découverte de l’étonnant itinéraire d’une sardinière bretonne : inéligibles en raison de leur sexe, les Françaises pouvaient, faute d’interdit énoncé dans la loi, s’inscrire sur des listes électorales dont la validité n’était vérifiée qu’après l’élection ! Dès l’avènement de la IIe République, la féministe Jeanne Deroin avait mis à profit cette faille du système, sans parvenir à être élue ; des années plus tard, Joséphine Pencalet, «ouvrière d’usine», devient au premier tour des élections municipales de 1925, à la majorité absolue, conseillère municipale de Douarnenez. Troisième sur la liste du Parti communiste, elle devient l’une des premières femmes investies à cette fonction, avec une dizaine de candidates de même obédience, tombées dans l’oubli. Le nom de la Bretonne est, lui, demeuré dans la mémoire locale, car avant de siéger en mairie, jusqu’à l’invalidation de son élection – ce qu’elle conteste, au nom du respect du corps électoral –, elle fut l’une des Penn Sardin, ces ouvrières entrées dans l’histoire des luttes sociales pour leur dure et victorieuse grève, de novembre 1924 à janvier 1925.
Instrumentalisation d’une femme ordinaire
On s’attendait