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Roman

«Jour de ressac» de Maylis de Kerangal, Le Havre sans paix

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Le cahier Livres de Libédossier
Dans le dernier roman de l’écrivaine française, une narratrice observe les relations humaines à la manière dont s’emboîtent les objets.
Entrée du port du Havre (Seine-Maritime), en 2007. (Philippe Lesprit/PINK. Saif Images)
publié le 16 août 2024 à 15h45

«Je me suis pris une énorme vague.» La narratrice est submergée tandis qu’elle marche sur la digue du Havre en réfléchissant à la sombre affaire qui la ramène en urgence dans la ville de son enfance. Elle se prend cette vague comme une claque, une porte dans la figure ou un coup sur la tête. Ça assomme et ça éveille. Eurêka ! La bruine saturait le paysage, cette femme flottait dans ses pensées quand «le rivage s’est brusquement éclairé d’une lumière de vitrail […]», puis la vague est arrivée, «comme si la réalité se synchronisait pile-poil à mes cogitations […]». Jour de ressac est une histoire de synchronisations, certaines réussies et d’autres pas. Maylis de Kerangal travaille dans ses livres avec le temps. Son écriture courait déjà après la montre dans Naissance d’un pont (Verticales, 2010) et plus encore dans Réparer les vivants (Verticales, 2014).

«J’échafaudais des hypothèses»

Cette Parisienne est mère et épouse. Sa fille s’appelle Maïa, son mari, Blaise. La narratrice n’a pas de prénom : elle est en train de se dissoudre, elle est en transition. Elle quitte la capitale après qu’un officier de police l’appelle depuis Le Havre pour lui annoncer qu’un homme «non identifié» a été retrouvé