Pour mes 56 ans, mon épouse Marilyne m’a offert Journal d’un paysan de Jean-Noël Falcou, ode à la matière naturelle, transformée, vivante et spirituelle. Etant paysan, en agriculture biologique depuis près de vingt ans dans la Drôme des collines, l’idée de lire le quotidien d’un autre agriculteur m’a séduit. D’autant que je m’étais essayé à écrire un haïku – ces petits poèmes japonais de 17 syllabes réparties en trois vers – chaque jour pendant un an. 365 petits morceaux de vie.
Le livre de Jean-Noël Falcou, écrit sous forme de journal intime, m’a touché car il rend compte de l’engagement du paysan, corps et âme. Et ce lien, je le ressens quotidiennement avec le vivant, dans sa plus grande beauté et simplicité. Il écrit : «J’ai toujours pensé que l’échelle souffrance-plaisir était relative. Elle dépend de son étalonnage. Si l’on a beaucoup souffert, que notre référence basse est très basse, une situation mitigée surestimée bien au-dessus de la moyenne. On est heureux quand on sait que la distance entre le pire et le moment vécu est grande. En deux heures, le soleil m’a fait la courte échelle vers la plénitude.»
Etre en admiration devant un tas de fumier
Ce lien à la terre est chaque jour renouvelé : le matin avec le plaisir de se lever et de sentir l’air du jour. Toute la journée, je partage avec elle et les rouges-gorges le labeur, les difficultés et les joies. Le soir, avec la Lune, je m’endors aussitôt couché, harassé d’une bonne fatigue. «Si mon pays avait une bande-son, ce serait la musique de ces