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«Jours de gloire et de tristesse», la Révolution sensible

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Le spécialiste de la Révolution française Timothy Tackett raconte les événements à travers la correspondance d’un juriste parisien avec son régisseur.
«Citoyen arrêté pour l'obliger à mettre une cocarde nationale à son chapeau.» Gouache des frères Lesueur conservée au musée Carnavalet. (Bridgeman Images. AFP)
publié le 29 mai 2025 à 21h26

Adrien-Joseph Colson est un juriste de la fin de l’Ancien Régime travaillant pour un aristocrate parisien dont il gère les propriétés. Il entretient de ce fait une intense correspondance avec leur régisseur qui réside en province, près de Châteauroux. Outre qu’elle soit conservée, cette correspondance a ceci de rare que Colson non seulement relate les événements révolutionnaires, mais aussi exprime en détail ce qu’il ressent. Timothy Tackett, éminent spécialiste américain de la Révolution française, analyse avec intelligence et minutie cette correspondance d’un personnage somme toute mineur, un fils d’artisan appartenant à la classe moyenne par sa profession juridique, mais resté proche des milieux populaires. Ses réactions aux événements acquièrent donc d’autant plus d’intérêt. Demeurant au cœur de Paris, près de l’hôtel de ville, ce grand marcheur sillonne la capitale en quête d’informations, fréquentant les cafés pour boire un verre de vin et bavarder politique.

Colson n’est pas un critique du gouvernement royal avant la Révolution mais sa correspondance, dit Timothy Tackett, témoigne «d’un développement remarquable de sa conscience politique» entre 1787 et 1789. S’il considère encore, comme tant d’autres, que l’existence de la monarchie va de soi, exprimant fréquemment son admi