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Juan José Saer, le revenant de la pampa

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Le romancier argentin Juan José Saer, mort en 2005, s’était exilé en France où il est tombé dans un relatif oubli. Le Tripode réédite l’œuvre complète, livre après livre.
Juan José Saer en 1987. (Thierry Rajic/Libération)
publié le 16 février 2024 à 15h48

L’édition reste un pays où il y a parfois une seconde chance. L’écrivain argentin Juan José Saer, qui vivait depuis 1968 en France, où il est mort en 2005 à 67 ans, n’y a pas connu la notoriété que son œuvre romanesque, celle d’un auteur majeur de langue espagnole, aurait méritée. Plusieurs romans avaient été publiés de son vivant chez Flammarion puis au Seuil, relayés par des traducteurs d’exception : Laure et Philippe Bataillon. Rien n’y fit. Ce n’est pas lui qui aurait pu dire comme il l’écrit dans un de ses 50 cahiers privés, archivés à Princeton, en partie édités en Argentine : «Il voulait être écrivain, et, par la faute de ses livres, ne parvint qu’à être millionnaire.» D’autant que l’argent qu’il gagnait, il l’a souvent perdu au jeu.

La seconde chance arrive en 2014, par ce hasard qui devance (ou annonce) les affinités. Le fondateur du Tripode, Frédéric Martin, n’a jamais rien lu de Saer lorsqu’il publie l’Homme qui savait la langue des serpents, de l’Estonien Andrus Kivirähk. Le livre reçoit le prix Laure-Bataillon (morte en 1990). Son éditeur découvre que celle-ci avait traduit en 1988 un roman de Saer intitulé l’An