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Traduction

Judith Schalansky, du plus bel éphémère

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Traduction de l’«Inventaire des choses perdues», ouvrage de l’écrivaine allemande publié en 2018 outre-Rhin.
«Vue d'un port» de Caspar David Friedrich (1774-1840). (AKG Images)
publié le 10 novembre 2023 à 13h56

Judith Schalansky est née en 1980 à Greifswald, dans le nord-est de l’Allemagne, en Poméranie, ex-RDA. Son «pays natal», écrivait-elle en introduction de son Atlas des îles abandonnées (Arthaud, 2010), a «disparu des cartes, lui et ses frontières, politiques et mentales». La destruction, l’extinction, la perte, comptent parmi ses motifs récurrents, dans une œuvre notablement travaillée, comme pour rééquilibrer, par le souhait de recensement, de dénombrement, de classification. Publié outre-Rhin en 2018, Inventaire de choses perdues le rappelle dès son titre : il s’agit d’une liste de différentes entités (atoll, espèce animale, lieux historiques, œuvres d’art…) ayant eu, à un moment donné, une existence tangible et ayant, pour une raison ou une autre, disparu. Recherches archivistiques et saillies imaginatives comblent les gouffres. Ce n’est que vers la fin qu’on prend conscience de la rigueur inflexible de l’objet : douze séquences, chacune de très exactement seize pages, chacune séparée de la précédente par une page couleur carbone.

Férue de cartographie, Schalansky est elle-même difficile à situer dans le paysage littéraire, singulière, insulaire. Autrice et designer, formée au graphisme et à l’histoire de l’art, elle a enseigné la typographie et met en page ses propres ouvrages chez so