Personne n’a le même rapport au voyage. Jacques Lavaret serait plutôt du genre à rêver d’un ailleurs et à foncer tête baissée ; Jonathan Savournon lui, hait l’improvisation et les accidents de parcours qui retardent. Le premier profite de l’instant et se coule dans le sens du vent, le second râle quand il faut attendre le navire ou la marée du lendemain pour pouvoir accoster. Le tandem d’Essai de voyage en Angleterre et en Ecosse (1859), a pris le départ à Nantes, puis embarqué à Bordeaux sur le Hamburg. Il vient de poser les pieds sur le quai de Liverpool. C’est le moment où on les voit parler d’acheter des billets de train pour cheminer vers Edimbourg.
«— Le programme est parfait. En route donc.
— Seulement, où allons-nous ?
— Je l’ignore, répondit Jacques, et c’est ce qui fait le charme de notre voyage ; on ne va jamais si loin que lorsqu’on ne sait pas où l’on va, disait un orateur de la Convention.
— Pourvu qu’on revienne à temps, je n’ai rien à objecter. En route.»
Jules Verne a fait partir très loin des générations de lecteurs avec ses Voyages extraordinaires (soixante-huit romans), échappées imaginaires et visionnaires. On assimile toujours l’auteur de Vingt Mille Lieues sous les mers à l’esprit d’aventure, à l’appel du grand large, à des expéditions fantastiques. On le connaît moi