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Récit

«Ann d’Angleterre» de Julia Deck, sauveteuse en mère

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Le cahier Livres de Libédossier
La romancière suit l’enfance et la vie de sa mère britannique, frappée à 84 ans par un AVC.
Julia Deck, à Paris, en avril 2019. (Helene Bamberger)
publié le 5 octobre 2024 à 15h58

Un éditeur, un écrivain, un lecteur le savent : la façon dont commence un livre est importante. Le roman autobiographique de Julia Deck débute très bien, par ces mots : «On y pense ou on n’y pense pas.» La phrase a un air de «J’y pense et puis j’oublie». Pourtant l’affaire est grave : ce à quoi on pense ou pas, c’est à la vieillesse de nos parents et à leur descente vers la mort. Est-ce que ce sera fulgurant ou lent ? Eviteront-ils «le pire cauchemar de l’imagination populaire, devenir un végétal, un végétal conscient de son état, un végétal pensant» ? Fidèle à la sobriété et à l’ironie dont elle fait preuve avec talent depuis son premier roman, Viviane Elisabeth Fauville (Minuit, 2012), Julia Deck ne dramatise pas, sans ajouter de la malice ou de l’humour, noir ou pas. Ann d’Angleterre est traversé par ces qualités.

Le livre compte deux temporalités. La première est le cadre des derniers jours de la mère de l’autrice qui à 84 ans, en 2019, est victime chez elle d’un AVC. Elle reste seule au sol pendant vingt-huit heures avant que sa fille puis les secours n’arrivent. Les parents de l’autrice étant divorcés, puisqu’elle est (en théorie) fille unique, elle est seule à accompagner sa mère d’un hôpital à l’autre, dans des services plus ou moins accueillants. Cela dure des mois, alors que le pr