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Littérature

Juliette Mézenc, la vie de l’azote

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Dans «Bassoléa ou de l’herbe dans le ventre», une fille énervée est «mise au vert».
Bassoléa parle comme un personnage de Thomas Bernhard ou de Samuel Beckett. (Valery Skurydin/Plainpicture)
publié le 31 mai 2025 à 5h08

«Un romancier ne mettrait jamais une vache morte sur le chemin d’un personnage qui passe le plus clair de son temps à observer des corps morts et ceci au moment même où il cherche à prendre un peu l’air, jamais.» Raison de plus pour le faire, donc. Ayant découvert au cours d’une balade un bovin les quatre fers en l’air, la narratrice se met à collectionner les crânes. Ses parents l’ont «mise au vert» parce qu’elle se droguait un peu trop et lui ont offert un microscope : à elle les joies de l’infiniment petit et du sens de la vie, à force de reluquer des amibes pour qui «le fait de n’avoir ni tête ni cul ni personnalité propre ne semblait pas du tout les inquiéter ni même les intéresser».

Bassoléa parle comme un personnage de Thomas Bernhard ou de Samuel Beckett, assez énervée contre le monde adulte et bien décidée à faire et à étudier des trucs absolument antiproductivistes, à constituer une sorte d’almanach dont l’unique sujet serait «respirer» – cet almanach est de fait paru il y a trois ans aux éditions de l’Attente, sous le titre Cahiers de Bassoléa, avec des exercices du genre «Répétez-vous “je suis un plat de nouilles” jusqu’à ce que vous deveniez nouilles, des nouilles bien cuites, molles et glissantes, lourdes au fond du lit.»

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