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Les cloches n’ont pas sonné 11 heures mais, déjà, le soleil de l’Adriatique brûle. Les touristes venus du monde entier s’essoufflent sur les pavés du vieux Split. Bob sur la tête et short clair, Jurica Pavicic contourne habilement la foule transpirante pour dénicher une table à l’ombre. L’écrivain de 58 ans connaît par cœur les ruelles médiévales du centre historique. Pourtant, les vieilles pierres du Spalato de la république de Venise sont absentes de ses romans. «Le centre n’est pas représentatif de la ville d’aujourd’hui. Il n’y a plus que des touristes pendant la saison. Peu de gens y habitent, et la jeune génération n’y va même plus», résume-t-il en commandant un allongé.
Véritable personnage de ses polars et miroir des évolutions contemporaines de la Croatie, le Split de Pavicic ne tourne pas autour de ses monuments. Sa ville à lui se situe un peu plus haut, là où dominent les tours en béton construites sous Tito. Des appartements conçus pour les travailleurs dans lesquels il a grandi, et où sa mère est morte. Il s’en rappelle de «cette mentalité à la kibboutz», quand les nouveaux venus des campagnes partageaient la rakija (eau-de-vie de la famille du raki turc) et bâtissaient ensemble l’avenir radieux du socialisme autogestionnaire. Un âge d’or, aujourd’hui idéalisé ou férocement critiqué dans les pays d’ex-Yougoslavie, q